lundi 27 juin 2016

NDDL : Et maintenant on fait quoi ?

Afficher l'image d'origineAprès le vote organisé hier, le "oui" à l'aéroport l'a largement emporté avec 55,17% des voix.

Un résultat attendu depuis le départ, mais l'analyse des résultats par commune est intéressante. 

Le journal Ouest France a mis à disposition une carte des résultats par commune, où l'on peut remarquer plusieurs choses : 

1 - Les secteurs directement concernées par le transfert aussi bien au sud Loire (Rezé, St Sébastien, Port Saint Père, Saint Mars de Coutais,...) qu'au nord de la Loire (St Etienne de Montluc, Vigneux de Bretagne, Notre Dame des Landes, Treillières, La Chapelle Sur Erdre,...) sont plutôt opposées au transfert. Toutefois Saint-Aignan de Grand Lieu, commune sur laquelle se trouve Nantes Atlantique, a largement voté pour. Résultat intéressant à analyser. 

2 - Le Nord du département (notamment le secteur de Châteaubriant) a largement voté pour (plus de 70% de oui la plupart des cas). Pas étonnant lorsque la campagne locale consistait à marteler les gens que cet aéroport permettrait de désenclaver le Castelbriantais. Reste à voir comment.

3- Le secteur de Nantes, concerné directement par le survol, a voté oui mais à une très courte majorité : 50,05% ! Seulement 100 voix d'écart séparent le oui et le non. C'est bien juste pour une ville qui se dit dérangée par le survol, les nuisances sonores ainsi que les Zadistes.



Les premières réaction des élus, recueillies peu avant minuit sur Ouest France,  sont mitigées :

- Ronan Dantec (sénateur EELV) : « Le résultat est complexe. J’en tire trois conséquences : un, le 55 % de oui en Loire-Atlantique ne légitime pas ce projet à l’échelle du Grand Ouest ; deux, c’est un vote d’aubaine économique des communes du Nord du département ; trois, les communes proches de l’aéroport actuel ont préféré le non. Si j’observe bien, les territoires de départ et d’arrivée de l’aéroport disent non à ce transfert. Les clivages restent ! A Nantes, le peuple de gauche et écologiste a voté contre. C’est un signal d’alerte. Les arguments du bruit et du survol n’ont pas fait sens. Pour la gauche, l’équation est impossible. C’est le vote de droite, anti-Zad, qui fait basculer sur le oui. Aujourd’hui, il serait irresponsable d’aller à l’épreuve de force dans l’immédiat. Il convient de rester prudent et de trouver un compromis qui passe par le respect des contentieux en cours et par la réduction du projet, comme le propose Ségolène Royal. »

- Françoise Verchère, ancienne maire de Bouguenais, aujourd’hui co-présidente du Collectif des élus qui doutent de la pertinence du transfert de l’aéroport : « Vigneux, Grandchamp-des-Fontaines et Notre-Dame-des-Landes, les communes où doit s’implanter le nouvel aéroport, n’en veulent pas! Et dans les communes proches de l’aéroport actuel, ce n’est pas clair: Rezé et Saint-Sébastien votent non; à Nantes et Bouguenais, c’est 50-50. Pour une population gênée par le bruit des avions et soi-disant traumatisée par les zadistes, c’est très étonnant ! »

- Front National Pays de la Loire : « Le FN respecte le choix  des électeurs de la Loire Atlantique, bien que nous persistions à penser que les habitants et contribuables des 4 autres départements ont été privés de leurs droits démocratiques. Que la droite et le centre de Retailleau et que la gauche de Clergeau, Ayrault et Valls assument maintenant leurs choix : ils doivent maintenant réussir pour les uns l’évacuation de la ZAD et pour tous, le financement des 3 Milliards et plus d’euros que vont nécessiter les ponts ou tunnels de franchissement de la Loire, la voie ferroviaire et la rocade de desserte de NDDL. »

- Manuel Valls Les occupants illégaux « devront partir » d'ici le début des travaux « à l'automne », déclare Manuel Valls. « L'autorité de l'Etat et les lois de la République s'appliqueront à Notre-Dame-des-Landes comme partout ailleurs dans le pays », assure le Premier ministre dans un communiqué, ajoutant que « ce nouvel aéroport est une chance pour ce territoire et ses habitants »

- UDI Pays de la Loire : « La victoire du « oui » doit permettre l’évacuation immédiate et sans condition de la ZAD. Ce résultat doit favoriser la restauration de l’État de droit et rétablir l’ordre public. Le Président de la République doit enfin prendre ses responsabilités. Fort de cette consultation, nous appelons au démarrage des travaux dans les meilleurs délais, au plus tard à l’automne comme l’a promis le Premier Ministre. »

En attendant,  tous les recours ne sont pas encore épuisés. La campagne sur le Oui, axée entre autres sur le survol de Nantes et le mouvement "anti-Zadistes" a donc été fructueuse mais il va falloir se préparer à des mois mouvementés. 

Au niveau national, selon les sondages, le projet reste très contesté. Des appels à affluer massivement vers la Zad sont donnés actuellement. En votant Oui à l'aéroport, beaucoup n'ont pas réalisé qu'ils voteraient aussi "oui" aux Zadistes. L'évacuation de la ZAD va être musclée et surtout risquée d'ici l'automne, avec la crainte d'un "Sivens bis" .

Même s'il faut respecter le vote, espérons que le rapport Royal et les décisions de justice sur la Loi sur l'eau ramènent un peu de bon sens pour trouver un juste équilibre concernant ce projet qui me paraît toujours aussi démesuré et aussi inutile. 

Dans tous les cas, ça promet de twister sévèrement...