dimanche 23 octobre 2016

Savenay : Exposition, conférence, et projection d'un film sur l’hôpital américain, en novembre 2016

Dans le cadre du projet labellisé par la Mission nationale du Centenaire, l’association d’histoire du lycée de Savenay (AHLS), les Amis de l’Histoire de Savenay (AHS), ainsi que la municipalité, proposent diverses animations.

Du 2 au 23 novembre, dans le hall de la mairie (aux horaires habituels d'ouverture) : une exposition des archives départementales de Loire-Atlantique. 

 Cette exposition s'intitule : La Loire Inférieure dans la Grande Guerre : guerre vécue, guerre perçue. L’ambition de cette exposition est de saisir la diversité des expériences vécues et perçues lors de conflit, en tissant un lien constant entre échelle locale et nationale. L’exposition cherche volontairement à interroger l’histoire d’une guerre souvent réduite à la seule figure du poilu et au seul univers des tranchées, afin de montrer que les zones de combats et l’arrière sont unis dans un même effort de guerre. C’était la guerre sur le front, mais c’était aussi la guerre en Loire-Inférieure, dans un département de « l’arrière ».

Vendredi 4 novembre à 15 heures, dans la salle du conseil de la mairie : conférence, Faire l'histoire d'un poilu, par les Archives Départementales de Loire-Atlantique.

Face au foisonnement ou, au contraire, à la pénurie de sources, retracer en détail le parcours d’un ancêtre ayant combattu la Grande Guerre peut parfois s’avérer complexe. Vers quelles sources et institutions se diriger et comment organiser les informations collectées ? Fabrice Cheignon, chargé de la médiation culturelle aux Archives départementales de Loire-Atlantique ainsi que Didier Besseau, médiateur aux Archives départementales font le point sur les ressources disponibles et les méthodes de recherche pour reconstituer l’histoire des combattants de ce conflit.

Vendredi 18 novembre, à 20 h 30 : La projection du film L’hôpital américain de Savenay, la médecine à l’épreuve de la guerre, à Ciné Nova.

Ce film, composé d’images essentiellement savenaisiennes d’une durée de 1 h 40, montre l’importance du centre hospitalier américain à Savenay. « Le centre névralgique se situait dans l’actuel lycée Jacques-Prévert, mais impliquait 735 ha dans la commune de Savenay, soit environ un tiers de sa superficie. Des images inédites issues des archives officielles de l’armée américaine mais aussi de collections privées communiquées très récemment, seront à l’affiche du film », précisent les membres des associations.

À l’issue de la projection, les membres des Amis de l’Histoire de Savenay et de l’Association d’Histoire du lycée de Savenay répondront aux questions.

Vendredi 18 novembre, à 20 h 30, à Ciné Nova. Gratuit. Nombre de places limitées. Réservations indispensables auprès de l’office de tourisme Loire et Sillon, tél. 02 28 01 60 16.




samedi 8 octobre 2016

Polémique à La Réunion


Le lourd passé négrier de Nantes joue des tours à cette jeune maître de conférences qui a pourtant candidaté sur un poste correspondant au sujet de sa thèse...


Voici l'extrait du journal Ouest France paru ce jour.

Une enseignante, rejetée à La Réunion, parce qu'elle est nantaise

Virginie Chaillou-Atrous est bien décidée à se battre pour obtenir son poste.
Virginie Chaillou-Atrous est bien décidée à se battre pour obtenir son poste.
     

La nomination de cette enseignante en histoire de l’esclavage a été suspendue. Parce qu’elle est, lui reproche-t-on, de la métropole… et de Nantes, premier port français de la traite négrière.






Elle ouvre le dossier épais qui renferme les articles de presse. Il y en a des dizaines. « À La Réunion, on parle toutes les semaines de cette histoire, c’est fou », s’étonne la Nantaise Virginie Chaillou-Atrous. Depuis plus d’un an, elle se retrouve au cœur d’une invraisemblable polémique concernant sa nomination comme maître de conférences.

"Le sujet de ma thèse"

Pour comprendre, il faut retourner en juillet 2014, quand disparaît tragiquement en mer une sommité locale, le professeur Sudel Fuma. L’université de La Réunion décide alors de mettre au concours, en février 2015, un emploi de maître de conférences « Histoire de l’esclavage, de l’engagisme et de l’économie des colonies dans les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien au XVIIIe et XIXe siècles ».La Nantaise postule – « c’était le sujet de ma thèse ! » – et deux candidats sont retenus, tous de la métropole. Mais le concours est curieusement annulé, « le président du comité de sélection, le professeur Prosper Eve, réputé là-bas, prétextant qu’il manquait des membres du jury ».

« Dans les règles »

Le concours est reproposé un an plus tard. Virginie Chaillou postule à nouveau. Le comité de sélection se forme, mais quatre membres décident soudainement de le boycotter, estimant qu’il n’a pas été constitué « dans les règles ». Il est malgré tout validé et Virginie Chaillou est retenue, emportant la mise face à un candidat de La Réunion, âgé de 59 ans.

"Insulte" à la mémoire de l'historien disparu

« À partir de là, la presse locale s’est déchaînée, avec une véritable campagne de désinformation, instrumentalisée par des associations parfois identitaires. » Le Conseil représentatif des Français d’outre-mer (Crefom) s’en mêle, estimant que cette nomination est « une véritable insulte à la mémoire de l’historien disparu ».

Le tribunal suspend sa nomination

En juillet dernier, le tribunal administratif de La Réunion, saisi en référé par plusieurs personnes dont le candidat malheureux et Prosper Eve, suspend la nomination de Virginie Chaillou. « Le comité de sélection a délibéré dans des conditions qui ne lui permettaient pas de siéger valablement, faute de quorum », indiquent les juges. Décision que ne commentent ni le ministère de l’Éducation nationale, ni le rectorat, ni l’université de La Réunion. L’affaire sera prochainement jugée sur le fond.« Non seulement on me reproche d’être issue de la métropole, mais avant tout d’être Nantaise », affirme la jeune maître de conférences. Au XVIIIe siècle, période visée par l’intitulé du poste, Nantes était en effet le premier port négrier français. Un symbole qui serait mal perçu.

"Réécrire l'histoire depuis Nantes"

La « Nantaise » est d’ailleurs le surnom qu’on lui a donné dans la presse. Un journaliste réunionnais, Vincent Fontano, écrit même à son sujet : « Ce n’est pas de n’importe quelle ville, mais de Nantes, port négrier, que l’on veut réécrire l’histoire de l’esclavage, à La Réunion ! »

Un article posté sur la page Facebook d'un militant identitaire de La Réunion
Un article posté sur la page Facebook d'un militant identitaire de La Réunion
Virginie Chaillou est-elle pointée du doigt pour ses origines nantaises ou son challenger, proche de Prosper Eve, a-t-il, lui, été écarté parce qu’il était Réunionnais ? Françoise Vergès, politologue spécialiste de l’histoire de La Réunion, estime que « la personnalisation de l’affaire » masque une question profonde. « À La Réunion, explique-t-elle, la plupart des postes sont occupés par des Français de France. Ce n’est pas du racisme à l’envers, mais il existe bien une inégalité avec des jeunes diplômés qui ne peuvent pas rester ni revenir sur l’île. »

Certes, mais le candidat perdant, titulaire du Capes et d’une agrégation, n’est pas vraiment tout jeune. Et pas véritablement plus capé, comme voudrait le faire croire le Crefom. « Ça ne sent pas très bon, renchérit-on dans le monde universitaire nantais. Ce candidat réunionnais de 59 ans est professeur agrégé du secondaire et il a fait toute sa carrière au collège ! Quelle légitimité a-t-il pour prendre ce poste ? »

"J'y vois un symbole..."

Virginie Chaillou, elle, est prête à se battre jusqu'au bout, alors qu'une pétition vient d'être lancée par des enseignants qui la soutiennent. "Je ne renoncerai pas, car j'y vois un symbole, une affaire de principe. La procédure est parfaitement légale et j'entends continuer à me battre."